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Un troisième mandat présidentiel vivement contesté

Alassane Ouattara

C’est sans surprise qu’à l’issue du scrutin du 31 Octobre dernier, le président ivoirien Alassane Ouattara a rempilé pour un troisième mandat en recueillant 94,27 % des suffrages exprimés comme l’atteste, ce mardi, le communiqué de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire.

Ainsi, bien que cette élection ait été émaillée de violence, dans la mesure où les deux principaux opposants au président sortant restés en lice – à savoir, l’ancien président Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan – avaient boycotté sa tenue et appelé leurs partisans à en empêcher le déroulement, la participation des électeurs, qui en était le véritable enjeu, aurait avoisiné 54%. Or, des scores aussi «massifs» ont suscité moult interrogations, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, notamment après qu’aucun procès-verbal des résultats n’ait été affiché à la sortie des bureaux.

Ainsi, même si le président de la CEI a estimé que «le vote s’est globalement bien passé», ce n’est point là l’avis de ces nombreux observateurs pour lesquels le mot d’ordre de la coalition de l’opposition, qui avait rejeté la légalité de ce troisième mandat et dénoncé «une parodie d’élection», a été suivi puisque «23% des bureaux de vote à l’échelle nationale sont restés fermés» et que «des situations de suspicion de bourrages d’urnes dans certains bureaux » auraient été relevées dans une douzaine de localités.

Et si, par ailleurs, l’Union Africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont montré assez clémentes en se limitant à inviter les deux parties au «dialogue» – ce qui n’est pas chose aisée tant les antagonismes sont profonds – la mission d’observation du Centre Carter estime, de son côté, que «le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible», que «le processus électoral a exclu un grand nombre de forces politiques» puisque 40 des 44 candidatures déposées ont été rejetées et, enfin, qu’«une part importante de la population n’a pas participé au scrutin».

Autant de «points de discorde» qui ont poussé la coalition de l’opposition à déclarer la «vacance du pouvoir» dès la proclamation officielle des résultats, à réitérer son appel à «la désobéissance civile» et, enfin,  à former un «conseil national de transition» avec à sa tête l’ex-président Henri Konan Bédié à l’effet de mettre en place «dans les prochaines heures un gouvernement de transition» qui, comme l’expliquera, Pascal Affi N’guessan, sera chargé de «préparer un cadre pour l’organisation d’une élection présidentielle transparente et inclusive».

Il va de soi qu’une telle initiative n’a point été du goût du parti d’Alassane Ouattara qui s’est empressé de la déclarer «inacceptable» et de constituer une «défiance des autorités» susceptible d’entraîner «le pays dans une crise et un chaos artificiels».

Allons-nous assister, dans les heures qui viennent, à une nouvelle plongée du pays dans les affres de la guerre civile puisque ce sont deux Côte d’Ivoire qui semblent prêtes à dégainer et que, selon plusieurs témoignages, des grenades assourdissantes auraient même été lancées, dès lundi soir, en direction des domiciles de plusieurs opposants? Ce troisième mandat d’Alassane Ouattara va-t-il replonger la Côte d’Ivoire dans une nouvelle spirale de violences ? Après avoir occupé le fauteuil présidentiel dans une atmosphère de guerre civile, Alassane Ouattara va-t-il le quitter dans un climat d’extrêmes tensions? Il semble bien que ce soit le cas mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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